Sur l’île de Nias, au large de Sumatra en Indonésie, des oiseaux chanteurs à la voix d’or, dont le garrulaxe bicolore, le lori noira rouge à la queue vert noirâtre ou encore l’étourneau à ailes noires, sont malheureusement capturés chaque année pour les bénéfices d’un concours de chant. Un «gazouillis mania» où les oiseaux vivent dans de minuscules cages pour, enfin, disparaitre des forêts. (Tiré et inspiré du reportage «Indonésie, l’éveil d’un archipel» de l’émission Thalassa (TV5) de janvier 2016.)
Des oiseaux exotiques sont également attrapés illégalement un peu partout dans les forêts tropicales pour la revente destinée surtout aux Occidentaux. Des perroquets sont cachés dans des bouteilles de plastique. De magnifiques oiseaux chanteurs sont exploités uniquement pour le plaisir de l’oreille humaine. L’Asie du Sud-Est regorge de ces espèces d’oiseaux rares et recherchés.
Les rites de la nature font un bruit sous ce silence où que ce soit. Une forêt, là, où quelque part, des oiseaux se cachent pour se protéger des prédateurs. Le trafic d’oiseaux persiste afin de satisfaire des amateurs sans scrupules.
Ailleurs, on les écoute, on les invite à une désinvolture certaine. Enregistrons-les et observons-les. Les regroupements d’oiseaux sont solidaires et sans hiérarchie:c’est un appel à la liberté et à la sauvegarde de notre espace vital.
Le cœur de la thématique de cette pièce s’agite autour d’une étude comportementale et comparative du fonctionnement des oiseaux grégaires et des manifestations d’opposition chez les humains.
Les oiseaux de Nias trace un parallèle entre les types de rassemblements chez les êtres vivants et fait référence à l’incidence très inquiétante de l’activité humaine sur l’écosystème terrestre.
Le grand défi de cette œuvre, élaborée à partir de la coexistence acoustique / électronique, a été d’établir une uniformité entre les sons fixés préspatialisés, le son amplifié, modifié et spatialisé des cinq solistes, et le chœur de 25 appeaux acoustiques.
Les chants d’oiseaux ont été enregistrés lors de mes expéditions et voyages. Aux sons acoustiques, s’ajoutent des objets sonores que j’ai fabriqués: petites cabanes fluorescentes sur bâton avec mini haut-parleur et interrupteur, pailles-sifflets modifiées générant des fréquences multiples simultanément, révélant ainsi des accords spontanés.
Cette fantaisie musicale comporte aussi des éléments visuels et théâtraux et elle demande également la participation du public. Elle a d’abord été conçue pour une présentation dans la Satosphère de la Société des arts technologiques (SAT) à Montréal (Québec), une salle demi-sphérique qui dispose d’un système de son à 31 canaux répartis sur 157 haut-parleurs.
[vii-21] [electrocd.com]