Pour quatuor à cordes.
Commande du Quatuor Molinari avec le soutien financier du Conseil des Arts du Canada.
Déposé au CMC Montréal.
En 1988, j’ai composé la musique d’un documentaire de Marie Décary, (« Canal ZapCanal ») dont le propos était la présence de deux artistes (sculpteurs) canadiens à la Biennale de Venise, en l’occurrence Roland Brenner de Victoria et Michel Goulet de Montréal. Fasciné par les images de la cinéaste, dépeignant des oeuvres contemporaines parachutées dans un décor de la Renaissance, chargé d’histoire à souhait, j’avais choisi d’utiliser un matériau de base qui s’inspirerait de la musique de cette époque tout en l’actualisant grâce à des techniques de transformation élaborées patiemment au fil des ans. Mon choix s’est arrêté sur un des 46 motets du compositeur espagnol Tomas Luis de Victoria (1548-1611) qui a vécu à Venise et dont le répons à quatre voix « Tradiderunt Me In Manus Impiorum » (« Ils m’ont livré aux mains des impies ») m’a immédiatement séduit. Par la suite, j’ai décidé d’orchestrer certains éléments de cette musique de film et de la développer de façon autonome. S’en suivront sept oeuvres, toutes basées sur le motet de Tomas Luis de Victoria, pour différents ensembles instrumentaux, allant du grand orchestre avec soliste et choeur (Le Voyage) au quatuor à cordes (Le Grand Méridien) en passant par les cuivres, orgue, narrateur et percussions (Golgot(h)a). Nous trouvons donc dans l’ordre chronologique :
Le Grand Méridien, (Le Grand « Nerf » Central…) clôture - pour l’instant - ce cycle d’oeuvres au caractère « baroque », à travers un processus de décantation extrême où la forme et le contenu non seulement se rejoignent, mais fusionnent par-delà le prisme kaléidoscopique des références (icônes) historiques et de l’ivresse psychédélique de l’invention pure, pour créer un objet « transmué », porteur de nouvelles significations toutes aussi surprenantes qu’inquiétantes… Dans cette perspective, la configuration instrumentale du quatuor à cordes m’aura peut-être servi d’alambic idéal pour faire « bouillir » toute cette riche concoction alchimique, dans l’espoir peut-être d’y trouver - outre le Radium - le Nirvana ou la Rédemption ?
Walter Boudreau, 33 Janvier 2006